jeudi 4 octobre 2007

Catholicisme et Patrie

L’enseignement des Papes sur la patrie

L’enseignement de l’Eglise sur la patrie.

Extrait du Permanences n°395.

La patrie, une nécessité

Le rejet de la patrie : une injustice

"Aujourd’hui on rencontre parfois des concitoyens qui semblent pris de la crainte de se montrer particulièrement dévoués à la patrie. Comme si l’amour de sa terre pouvait signifier nécessairement un mépris envers les terres des autres ; comme si le désir naturel de voir sa propre patrie belle, prospère à l’intérieur, aimée et respectée à l’étranger, devait être inévitablement une cause d’aversion à l’égard d’autres peuples. Il existe même des personnes qui évitent de prononcer le mot de "patrie" et qui tentent de lui substituer d’autres noms plus appropriés, pensent-ils, à nos temps. Certes, chers fils, il faut convenir que parmi les signes d’une désorientation des âmes, cet amour diminué pour la patrie, cette plus grande famille qui vous a été donnée par Dieu, n’est pas un des derniers".

Pie XII, 23 mars 1958.

"(...) la patrie est un patrimoine qui comprend non seulement une certaine réserve de biens matériels dans un territoire donné, mais est avant tout un trésor, l’unique en son genre, de valeurs et de contenus spirituels, c’est-à-dire de tout ce qui compose la culture d’une nation (...)".

Jean-Paul II, Audience aux membres de l’université Jagellone de Cracovie, 11 septembre 2000.

La patrie, notre famille

"Le développement du concept de "patrie" est étroitement lié à celui du concept de "famille" et, en un sens, chacun en fonction de la nature de l’autre. Et vous, peu à peu, en faisant l’expérience de ces liens sociaux plus larges que les liens familiaux, vous commencez aussi à participer à la responsabilité du bien commun de cette famille plus vaste qu’est la "patrie" terrestre de chacun et de chacune d’entre vous. Les grandes figures de l’histoire, passée ou contemporaine, d’une nation sont aussi les guides de votre jeunesse et elles favorisent le développement de cet amour social qu’on appelle le plus souvent "amour de la patrie"".

Jean-Paul II, Lettre apostolique à l’occasion de l’année internationale de la jeunesse, 31 mai 1985.

L’influence de la patrie sur l’homme

"La plupart du temps, les cultures se développent sur des territoires déterminés, dont les éléments géographiques, historiques et ethniques s’entrecroisent de façon originale et unique. Cette "spécificité" de chaque culture se reflète de manière plus ou moins intense chez les personnes qui la possèdent, selon un dynamisme continuel d’influences exercées sur les individus et de contributions que ces derniers, à la mesure de leurs capacités et leur génie, apportent à leur culture. En tout cas, être homme signifie nécessairement exister dans une culture déterminée. Chaque personne est marquée par la culture qu’elle reçoit de sa famille et des groupes humains avec lesquels elle est en relation, à travers son parcours éducatif et les influences les plus diverses de son milieu, à travers la relation fondamentale qu’elle entretient avec le territoire dans lequel elle vit. Dans tout cela, il n’y a aucun déterminisme mais une constante dialectique entre la force des conditionnements et le dynamisme de la liberté."

"C’est en fonction de ce rapport fondamental avec ses propres origines -au niveau familial, mais aussi territorial, social et culturel- que se développe chez les personnes le sens de la patrie, et la culture tend à assumer, plus ou moins selon le lieu, une configuration nationale."

Jean-Paul II, Message pour la paix sur "le dialogue entre les cultures", 1er janvier 2001.

La patrie, un droit de l’homme

L’importance de la patrie pour l’homme est telle que notre saint Père en fait l’une des composantes de la dignité humaine :

"La connaissance de l’homme, que l’Eglise a acquise dans le Christ, la pousse à proclamer les droits humains fondamentaux et à faire entendre sa voix quand on les foule aux pieds. C’est pour cela qu’elle ne cesse d’affirmer et de défendre la dignité de la personne, et de mettre en lumière les droits inaliénables qui en découlent. Ce sont en particulier, le droit d’avoir une patrie, de demeurer librement dans son pays, de vivre en famille, de disposer des biens nécessaires pour une vie digne, de conserver et de développer son patrimoine éthique, culturel et linguistique, de professer publiquement sa religion, d’être reconnu et traité en toutes circonstances conformément à sa dignité d’être humain".

Jean-Paul II, Message pour la 87ème journée mondiale des Migrants, mars 2001.

Aussi ne manque-t-il pas de louer le patriotisme comme une vertu : "Mgr Slomsek fut aussi animé d’un profond sentiment d’amour pour sa patrie (...). Il se propose à vous comme un modèle de patriotisme authentique".

Jean-Paul II, béatification de Mgr Slomsek (Slovénie), 19 septembre 1999.

Foi et patrie, deux réalités indissociables

Le témoignage du Christ

Dieu s’est incarné en un territoire donné, et qu’Il a aimé.

"Il existe un ordre établi par Dieu, selon lequel il faut porter un amour plus intense et faire du bien de préférence à ceux à qui l’on est uni par des liens spéciaux. Le divin maître lui-même donna l’exemple de cette préférence envers sa terre et sa patrie en pleurant sur l’imminente destruction de la cité sainte".

Pie XII, Summi pontificatus, 20 octobre 1939.

"En devenant homme, le fils de Dieu lui-même a acquis non seulement une famille humaine, mais aussi une patrie. Il est pour toujours Jésus de Nazareth, le Nazaréen".

Jean-Paul II, Message pour la paix sur "le dialogue entre les cultures", 1er janvier 2001.

Tout chrétien doit être patriote

"(...) la loi naturelle nous ordonne d’aimer d’un amour de prédilection et de dévouement le pays où nous sommes nés et où nous avons été élevés au point que le bon citoyen ne craint pas d’affronter la mort pour sa patrie (...). L’amour surnaturel de l’Eglise et l’amour naturel de la patrie procèdent du même et éternel principe. Tous les deux ont Dieu pour auteur et pour cause première".

Léon XIII, Sapientiae christianae, 10 janvier 1890.

"Si le catholicisme était ennemi de la patrie, il ne serait plus une religion divine. Oui, elle est digne non seulement d’amour, mais de prédilection, la patrie dont le nom sacré éveille les plus chers souvenirs et fait tressaillir toutes les fibres de votre âme, cette terre commune où vous avez votre berceau, à laquelle vous rattachent les liens du sang et cette autre communauté plus nobles des affections et des traditions".

Saint Pie X, allocution à des pèlerins français, 19 avril 1909.

"Si la charité s’étend à tous les hommes, même à nos ennemis, elle veut que soient aimés par nous d’une manière particulière ceux qui nous sont unis par les liens d’une commune patrie".

Benoît XV, Lettre aux évêques d’Allemagne, 15 juillet 1919.

"Nous proclamons que le chrétien ne le cède et ne peut le céder à personne dans l’amour et la fidélité véritables à sa patrie terrestre".

Pie XII, Ad apostolorum principis, 29 juin 1958.

Le service de la patrie, un devoir de justice"C’est notre devoir de rappeler à tous, encore une fois, que la doctrine catholique exhorte précisément les catholiques à nourrir un amour profond et sincère envers leur patrie, à rendre l’honneur qui leur est dû aux autorités civiles, étant sauf le droit divin naturel et positif, à leur apporter un concours généreux et actif dans toutes les entreprises qui contribuent au progrès vrai, pacifique et ordonné, à la prospérité véritable de la communauté nationale".

Pie XII, Ad apostolorum principis, 29 juin 1958.

"L’Eglise a toujours veillé à ce que ceux qui la confessent contribuent au bien de toute patrie terrestre. Nous en trouvons la preuve dans l’histoire de nombreux pays du monde. Et comme fils de mon pays, je sais dans quelle mesure je dois mon amour envers ma patrie à l’enseignement du Christ et à la mission de l’Eglise dans l’histoire de ma nation".

Jean-Paul II, à des catholiques chinois, 7 septembre 1980.

L’enracinement, condition de l’ouverture aux autres

L’amour pour notre patrie ne doit pas être exclusif ...

"Cet amour même de sa patrie et de sa race, source puissante de multiples vertus et d’actes d’héroïsme lorsqu’il est réglé par la loi chrétienne, n’en devient pas moins un germe d’injustices et d’iniquités nombreuses si, transgressant les règles de la justice et du droit, il dégénère en nationalisme immodéré".

Pie XI, Ubi Arcano Dei, 30 décembre 1922.

"Le patriotisme est en effet l’amour correct et juste de l’identité de chacun en tant que membre d’une communauté nationale déterminée. La négation du patriotisme, c’est le nationalisme. Alors que le patriotisme, aimant ce qui lui est propre, estime aussi ce qui appartient à autrui, le nationalisme méprise tout ce qui n’est pas sien. S’il ne réussit pas à détruire ce qui appartient à autrui, il cherche à se l’approprier".

Jean-Paul II, Lettre à l’archevêque de Vrhbosna (Sarajevo), 29 septembre 1993.

"C’est pourquoi l’amour de la patrie est une valeur à cultiver, mais sans étroitesse d’esprit, en aimant en même temps toute la famille humaine et en évitant les manifestations pathologiques qui apparaissent lorsque le sens de l’appartenance prend des accents d’exaltation de soi, d’exclusion de la diversité, qui se développent sous des formes nationalistes, racistes et xénophobes".

Jean-Paul II, Message pour la paix sur "le dialogue entre les cultures", 1er janvier 2001.

... mais nous ouvrir à un amour plus grand de la famille humaine

"Le légitime et juste amour de chacun envers sa propre patrie ne doit pas faire fermer les yeux sur l’universalité de la charité chrétienne, qui enseigne à considérer aussi les autres et leur prospérité dans la lumière pacifiante de l’amour".

Pie XII, Summi pontificatus, 20 octobre 1939.

"Mais l’amour de la patrie peut également dégénérer et devenir un nationalisme excessif et nuisible. Pour que cela n’arrive pas, vous devez viser bien au-delà de la patrie ; vous devez considérer le monde".

Pie XII, Allocution à la colonie des Marches à Rome, 23 mars 1958.

"Comme un milieu exceptionnel où se forme la culture de la nation, que celle-ci devienne un lieu de formation de l’esprit patriotique, d’un amour pour la patrie qui préserve son bien, mais qui ne ferme pas la porte ; qui construit plutôt des ponts, pour multiplier ce bien en la partageant à d’autres. La Pologne a besoin de patriotes illuminés, capables de sacrifices par amour de leur patrie et, dans le même temps, préparés à un échange créatif de biens spirituels avec les nations d’Europe qui s’unifient".

Jean-Paul II, Audience aux membres de l’université Jagellone de Cracovie, 11 septembre 2000.

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