mercredi 3 octobre 2007

Jean Ousset

Jean Ousset

Jean Ousset (né le 28 juillet 1914 à Porto, Portugal, mort le 20 avril 1994), essayiste catholique français. Il a écrit sous plusieurs pseudonymes tels Jean Marial, André Roche, Louis Morteau, Jean-Marie Vaissière, Jacques Régnier et Jacques Haissy. Proche des milieux royalistes, il fut un idéologue du « nationalcatholicisme » français.

Sommaire


Années 1930-1940 : Action française [modifier]

Dans les années 1930, Jean Ousset milite dans la mouvance de l'Action française, le mouvement royaliste fondé par Charles Maurras. Durant la Deuxième Guerre mondiale, il devient le chef du bureau d’étude de la Jeune légion, une structure liée à la Légion française des combattants, un des bras armées du régime de Vichy du Maréchal Philippe Pétain. L'un des collègues de l'époque était François Mitterrand.

Pendant l'ocupation nazie de la France, publie deux ouvrages politiques : Histoire et génie de la France (1943) et Fondement d’une doctrine (1944).

A. Biographie de Jean Ousset

1) La jeunesse

Jean Ousset est né en 1914, le 28 juillet, à Porto (Portugal), il passe sa jeunesse dans le sud de la France, dans un petit village du Bas-Quercy, à Montalzat. Ce sont ses grands-parents qui s’occuperont de l’éducation de ce fils unique, ses parents (Eugène et Camille Ousset) étant obligés d’aller travailler à Paris. Le grand-père comme son fils sont des catholiques et des monarchistes convaincus, membre de l’Action française. Jean va passer toutes ses écoles primaires dans la commune et très tôt montre un intérêt particulier pour la littérature. Il a une grande soif de connaissances mais ne travaille qu’en fonction de ses centres d’intérêts. A 14 ans, au décès de sa grand-mère, son entourage le met en pension chez une Mme Règnier qui s’occupe d’enfants à la santé fragile. De l’aveu de Jean Ousset c’est elle qui lui donnera «l’orientation de toute sa vie » : elle va lui donner l’amour du Beau qui sera le socle de son combat pour une cité chrétienne.

A 16 ans et demi il entre en pension chez les Dominicains qui tiennent le collège de Saint-Elme. C’est à cette occasion qu’il va faire connaissance avec Jean Masson, futur fondateur avec lui de la Cité catholique. Ce passage de sa vie lui donnera comme il le dit dans ses mémoires : « (…), un irréductible amour de ma patrie, la France (…) et en grand respect devant l’importance du fait religieux. » Ousset a un tempérament anti-conformiste et est rebelle à toute autorité, ce qui l’amène a être souvent remis à l’ordre. C’est un étudiant studieux, cultivé, mais qui manque son bac. « Il travaille plus que les autres mais dans des directions qui n’ont rien à voir avec ce qu’il est indispensable d’apprendre quand on tient à passer par les portes dont seuls les diplômes officiels ouvrent les clés. » Son père qui s’inquiète pour son avenir lui trouve un travail dans l’artisanat (fabrication de chapeaux). Travail qu’il va abandonner très vite pour se consacrer à sa passion : l’art. Il va partir pour Bordeaux suivre des cours de peinture et de sculpture. Va s’ensuivre une période de crises et de désarroi avec un avenir plus qu’incertain.

Il va accomplir de nombreuses lectures et au fil de celles-ci la flamme va renaître. L’ouvrage d’Ernest Psichari « Le voyage du Centurion » va donner un élan nouveau à son être, « comme serviteur de vérités enracinées, moralement. Spirituellement. Charnellement ; et historiquement sanctionnée ». Pour réaliser cet objectif il va avancer son service militaire, et passer trois années au sein du 9ème bataillon de chasseurs alpins. Les séjours qu’il va effectuer en haute montagne vont lui permettre de retrouver la sérénité. A la fin de son temps de service, bien qu’ayant la possibilité de poursuivre au sein de la grande muette, il retourne chez son grand-père qui habite, suite à la perte de sa femme, à Septs-Fonds.

En 1934, il a 20 ans après ces trois ans de séparation il va renouer avec ses amis : Jean Masson, Pierre Sournac, Jean Rochet et les frères Maillet… Tous font partie d’une ligue que se soit: les Jeunesses patriotes, l’Action française, les Croix de Feu… Ces jeunes gens sociologiquement, idéologiquement et religieusement disparate se trouvent cristallisés autour d’événements survenus à cette époque :

- Le phénomène de la « main tendue » par les communistes aux catholiques, qu’ils considèrent comme contre nature.

- La guerre d’Espagne qui les divisent. Ousset et Masson se heurtent avec virulence sur le sujet. Ousset prenant le soutien des Nationalistes et Masson pour les Rouges.

C’est l’Abbé Choulot qui va prendre en charge la formation doctrinale du groupe et permettre aux discussions de prendre une direction moins anarchique. C’est le charisme, la fougue du jeune abbé qui va orienter le combat d’une partie des pionniers de la Cité catholique. Malgré des divergences assez nettes au début, Ousset parviendra à rassembler les hommes autour d’un fond commun, en faisant abstraction des désaccords sur l’accessoire. Ces jeunes gens s’inquiètent de l’influences grandissante de philosophies révolutionnaires qui veulent faire table rase de l’influence chrétienne. Durant ses études, Jean Ousset ouvrier à l’usine pour s’assurer un revenu, va découvrir les méthodes de fonctionnement du parti communiste, sa « dialectique » et son influence sur les ouvriers. Il va s’en inquiéter et vouloir réagir. La fréquentation d’un milieu fortement touché par les thèses révolutionnaires marxistes, puis les discussions qu’il aura avec son codétenu communiste, lors de son emprisonnement en Allemagne pendant la guerre, auront une grande importance sur ses engagements futurs. Les théories développées par les communistes vont profondément conforter Ousset dans sa foi et dans la mission dont il se sent investi.

Le déclic va se réaliser à Bordeaux en avril 1939 (Jean Ousset a 25 ans), où il effectue un certificat de capacité en droit. Toujours à la recherche d’un petit boulot pour payer ses études il va trouver une place de secrétaire personnel pour la rédaction de discours. Lors d’un cycle de conférences il se fait remarquer pour la qualité de son exposé par Charles Maurras qui le place à la une de l’Action française du lendemain. Le fondateur du principal mouvement politique de droite en France avant la Première Guerre mondiale va quelques années plus tard lors d’une de ses dernières apparitions publiques désigner Jean Ousset comme l’un des plus sûrs continuateurs de son œuvre intellectuelle et morale, l’autre étant Jean Arfel (Jean Madiran). Lors d’un entretien que Jean Ousset aura avec Maurras, celui-ci lui dira : « Toutefois, si vous cherchez une doctrine, soyez certain qu’il n’y a de doctrine vraie que catholique. Si donc vous êtes catholique, ne le soyez pas à moitié ! » Cette affirmation met fin aux hésitations du petit groupe qui se réunit toujours à Montalzat. Ils sont déterminés à se réclamer ouvertement de la doctrine catholique. Le 15 août 1939, devant la Sainte Vierge, ils forment le vœu de consacrer leur vie « à servir la France et l’Eglise par une œuvre de formation doctrinale et d’éducation à l’action de cadres politiques et sociaux efficaces ».

== Après-guerre : Cité catholique

C’est le 29 juillet 1946, à la Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre que trois hommes (Denis Demarque, Jean Masson et Jean Ousset) vont consacrer leur projet au Christ Roi. Le même jour, l’œuvre nouvelle était mise sous la protection de la « Reine du Monde », en la chapelle de la Médaille miraculeuse, rue du Bac. La Cité Catholique était née sous son premier nom de « Centre d’études critiques et de synthèse ». La volonté des fondateurs est de créer un organisme de laïcs agissant sous leur responsabilité civique à l’avènement d’un ordre social chrétien. Cette œuvre laïque doit professer et diffuser à travers ses membres, la doctrine sociale de l’Eglise catholique plutôt qu’une doctrine personnelle. C’est grâce au droit que reconnaît la hiérarchie romaine à tout catholique de prendre des positions politiques particulières que La Cité Catholique exercera cette liberté afin de répandre sa méthode et son action. Jean Ousset et Jean Masson connaissent d’ailleurs des fondements politiques différents, le premier a une formation plutôt traditionnelle et maurassienne, le second vient de la démocratie chrétienne. Par son activité au sein du monde l’oeuvre ne prétend pas représenter l’Eglise, mais s’en faire l’écho « … au plan de ces affaires sociales, civiques ou politiques que le naturalisme et le laïcisme révolutionnaire ne cessent de pénétrer» .

De 1946 à 1963 la Cité catholique malgré des débuts difficiles va se développer constamment. Puis victime de son succès et d’attaques incessantes, les fondateurs vont prendre la décision de cesser l’activité de l’organisation et fonder l’ « Office international des œuvres de formations civiques et d’action doctrinale selon le droit naturel et chrétien ». Ce nom se veut volontairement imprononçable, même par le jeu des initiales, pour éviter que ses membres ne se cachent derrière une étiquette. Après deux années de mise en route, le centre va constituer l’unité doctrinale, le service de formation et de synchronisation autour duquel une multitude d’associations vont graviter. Une autre raison de ce passage de la Cité catholique à l’Office est la volonté d’avoir un dispositif plus adapté au développement international qu’elle connaît. Le but n’a pas varié, néanmoins Jean Ousset s’est rendu compte que l’on ne pouvait simplement se contenter d’éclairer l’intelligence par la doctrine de l’Eglise, mais qu’il fallait la répandre en l’enseignant. La revue aussi va s’adapter, Verbe sera remplacé par Permanences dont le contenu est moins dogmatique et traite plus régulièrement de l’actualité.

5) L’Office international des œuvres de formations civiques et d’action doctrinale selon le droit naturel et chrétien

L’Office va connaître un grand rayonnement tant en France qu’au niveau international. Le premier congrès a lieu en 1964 en Suisse dans le canton du Valais, à Sion. Puis de 1965 à 1977 ils se dérouleront à Lausanne . Deux mille cinq cents à quatre mille personnes, toutes nationalités confondues (il y aura jusqu’à 17 représentés en une seule et même fois, 26 si l’on comptabilise tous ceux qui ont participé à l’un des congrès de Lausanne), se retrouvent trois jours durant au palais Beaulieu: occasion pour des animateurs d’oeuvres très variées, parfois opposées, d’harmoniser et de concerter leurs actions (tous les mouvements, associations, journaux catholiques et plutôt traditionnels sont représentés par un stand ). A ce rassemblement international annuel, l’on peut y entendre, en séance plénière, l’élite de l’intelligentsia catholique (surtout francophone) : Marcel De Corte, Jean Madiran, Marcel Clément, Louis Salleron, Gustave Thibon, etc. Le journaliste du Monde lui-même, venu en observateur, constate le 13 avril 1977 : « Trois jours durant, le palais Beaulieu de Lausanne a sans doute renfermé la documentation contre-révolutionnaire la plus importante d’Europe. »

Des remous vont secouer l’Office au cours des années 70/80. Les divisions suscitées par le Concile Vatican II au sein de l’Eglise vont avoir des répercussions chez les militants du combat civique. Un certain nombre de sympathisants demande à Ousset de prendre position sur les querelles liturgiques. Il opposera toujours un non catégorique : « Je refuse de m’engager dans les combats qui se sont développés dans l’Église, l’Office ne croit ni possible ni souhaitable (par son statut et ses structures mêmes) de s’engager en matière de liturgie, d’exégèse, de catéchèse, etc. » Ainsi peu à peu vont s’écarter de l’Office un bon nombre d’hommes et d’associations représentatifs du courant catholique et national, à commencer par Jean Madiran .

Jean Ousset va peu à peu laisser le « commandement du navire » dès 1973. Il fait un constat amer : la subversion, dit-il, a changé de forme. Elle prend de plus en plus l’aspect d’une guerre culturelle dans laquelle tous les moyens de modeler les sensibilités sont mobilisées pour changer la nature même de l’homme et, par voie de conséquence, celle de la société. Ce qui est à combattre n’est donc plus de l’ordre de la vérité ou de l’erreur, c’est un climat corrupteur. « Refusant d’être dupe des succès de Lausanne, j’eus à traverser, je l’avoue, une des plus douloureuses périodes de ma vie (…). N’y voyant pas assez clair, l’idée me vint d’aller dans les milieux les plus divers, étudier comment s’y prendre pour atteindre ceux de nos frères français qu’il nous avait été impossible d’approcher jusque-là. Trop d’affection me retint, je l’avoue. Mais, enfin, je partis ».

Mais l’Office justement, après quinze ans d’un travail qui a permis de créer en de multiples domaines des îlots de résistance à la Révolution galopante est mal en point : les divergences, parfois irréductibles, entre les membres de l’équipe dirigeante sur les moyens à adopter pour faire avancer au mieux la cause du Christ-Roi, dans la France des années septantes, l’ont profondément secoué. Et même si la machine, bien qu’un peu essoufflée, tourne encore, Jean Ousset, perpétuel insatisfait, estime qu’il est préférable de lui porter un coup d’arrêt définitif. L’action culturelle, à laquelle il tient tant, et dont le bien fondé est contesté par beaucoup, séduit toute une partie de la jeune génération. C’est ainsi qu’en 1981, une équipe de jeunes disciples, groupée autour de J. Trémolet de Villers et de Jean-Marie Schmitz, recueille l’ensemble des expériences de Jean Ousset et sous son égide, fonde ICTUS (Institut culturel et technique d’utilité sociale). ICTUS s’attache à renouveler le « cursus » de formation politique et sociale, en développe la dimension historique, et enfin, y ajoute la dimension culturelle par une approche pratique qui soit une « éducation civique, sociale, nationale et religieuse par le Beau ».

Jean Ousset participa jusqu’au bout de ses forces au développement de cette action pour que l’équipe continue l’oeuvre dans une stricte fidélité au dessein initial. C’est au cours d’une visite au Louvre, qu’il organisait pour quelques animateurs, qu’il est victime d’une attaque cérébrale. Il meurt le 20 avril 1994.

B. L’intellectuel ou homme du concret au service du Beau, de l’Amour et de l’Eglise

Jean Ousset fonde son action en faveur de l’Eglise et du règne social du Christ sur terre par son amour du Beau. Son âme d’artiste vient en support au message dispensé par l’Office. Puisque les vérités abstraites rebutent, il faut toucher les cœurs, élever les sentiments, faire admirer et connaître les splendeurs de la civilisation chrétienne. La Beauté a un caractère d’universalité, ainsi tout chose n’est pleinement belle que si elle s’insère totalement dans l’ordre divin, seule perspective dans laquelle elle prend sens et plénitude. Pour lui la Beauté est joie de l’esprit, et il va de soi qu’elle ne doit pas d’abord s’adresser aux sens. Un art passionnel est condamné à n’être qu’un art individuel, énigmatique et par-là même élitiste. Le rôle de l’art n’est-il pas de favoriser une plus grande communion. « N’est communicable dans le « moi » que ce qui appartient à l’homme universel ». Pour lui il est indispensable de revenir au critère du Beau dans le domaine du jugement, et en particulier au sein de l’école moderne qui tend à le classer au rayon des vieilleries. « Je passe pour un doctrinaire. Alors qu’au fond de moi je ne considère la doctrine que comme un squelette. Image de la mort, tant qu’on ne l’enrobe pas des masses musculaires chaudes et souples qui, seules, peuvent l’animer (…). L’objet de mon désir : la contemplation amoureuse de la beauté, de l’harmonie des êtres et des choses ! Car les « démons » de ma jeunesse ne m’ont jamais lâché, malgré la muselière que j’ai essayé de leur imposer. Loin de s’être tus, ils sont toujours là. Toujours à la charge. »

Jacques Trémolet de Villers (le successeur et ami de Jean Ousset) le décrit dans la préface de l’ouvrage de Raphaëlle de Neuville comme d’abord un artiste, un dessinateur, un peintre. Les constats qu’il faisait ne venaient pas d’une déduction théorique de doctrinaire, mais de l’observation de la réalité. Il avait, sur les choses et les gens, un regard terriblement aigu et qui se trompait rarement. Il était comme on dit, lucide, ce qui,parfois le faisait passer pour un sceptique ou un désespéré. Il avait horreur de l’illusion. Ce qu’il avait vu avant la dernière guerre et dont le temps passé ne corrigeait pas les données, c’était la division extrême, l’absence du moindre souci de complémentarité entre les forces de ceux qui auraient dû se trouver unis pour le salut de la société. Il répétait souvent cette phrase de Jacques Bainville, qui lui semblait résumer la situation de la France, depuis l’avènement du phénomène révolutionnaire : « Les gens de gauche s’entre-tuent, certes, mais c’est pour la conquête du pouvoir, tandis que les gens de droite s’envoient de la boue au visage, pour rien.»

On retrouve sa pensée sur l’Amour et la relation de l’homme et de la femme dans un de ses ouvrages intitulé : « Amour ou sexualisme ? ». Le couple pour lui doit être à l’image de l’union du Christ et de l’Eglise, ce qui montre bien le haut de degré auquel le mariage chrétien est appelé à se situer.

« L’homme et la femme ont chacun un rôle qui lui est propre, et s’il n’est pas question de supériorité de l’un ou l’autre, il est tout aussi illusoire de prétendre à l’égalité. Chaque être doit se tenir à sa place ».

« Tout ce qui tend à réduire l’amour humain aux seules pulsions de l’instinct, à la seule poursuite d’un plaisir strictement animal, est indigne de l’homme. Et par là même, minable et scandaleux; la plénitude de l’amour humain ne pouvant être un simple accouplement de bêtes, mais l’union émerveillée de deux «personnes », hautement reconnues pour telles. Amour fait d’attirance, de fusion et d’ivresse charnelle, certes, mais qui peuvent et doivent être désirées, entretenues, renouvelées, par ce qui est bien supérieur au simple instinct animal. Autant dire un véritable amour humain.

« Amour dont le caractère spécifique ne peut pas ne pas être dans une authentique union des coeurs, des esprits et des âmes…; dans une harmonie suffisante des sensibilités, la complaisance des caractères, une relative correspondance des goûts »

Pour lui la morale n’est qu’un « code pour mieux aimer » et elle n’a de sens que parce qu’elle permet à l’amour humain d’atteindre sa plénitude et l’harmonie d’un ordre vraiment divin. Il s’élève d’autre part contre les accusations de pudibonderie dont la morale catholique fait les frais. Raphaëlle de Neuville dans son livre fait remarquer que l’Église catholique n’a jamais considéré les plaisirs de la chair comme illégitimes. C’est le luthéranisme (le calvinisme ) et le jansénisme qui sont coupables d’avoir créé un état d’esprit excessivement rigoriste en la matière. Il ne faut pas séparer ce que Dieu a uni : les réjouissances charnelles appartiennent au cycle de l’amour humain tel que Dieu l’a voulu. Prétendre que l’acte sexuel est ordonné uniquement à la procréation et que la recherche du plaisir se situe loin derrière ce noble dessein, c’est ignorer tout de la plénitude harmonieuse de l’union amoureuse .

L’Eglise est la garante de la doctrine et de l’Evangile : elle se charge d’en fixer le sens et d’en expliquer la pensée, « autrement il y aurait autant d’Evangile que de différente passion ». Jean Ousset va définir plus précisément sa relation avec la mère l’Eglise dans un texte : « Pagaille dans l’Eglise ou mystère de la Croix ». A travers le dialogue qu’il a avec un officier (qui est lui-même en réalité), il manifeste sa tristesse face aux profondes divisions qui déchirent l’épiscopat et le clergé français à l’égard de l’enseignement du Saint-Siège. Cela l’a particulièrement perturbé car il a beaucoup souffert pour l’Eglise et par l’Eglise. Il reconnaîtra que le soutien de nombreux prélats l’ont conforté dans sa tâche pour le plus grand bien de la Cité catholique. Rome a suivi les développements doctrinaux de l’œuvre à travers le préfet du Saint Office , le Cardinal Ottaviani, chargé auprès du Saint-Père de toutes les questions doctrinales. Lors des Congrès, le Pape Pie XII est intervenu en personne à plusieurs reprises par des messages personnels adressés à Jean Ousset.