mercredi 3 octobre 2007

Le socialisme, l’individu et l’argent

Le socialisme, l’individu et l’argent


[NOTE : dans cette étude, on désigne par "socialisme" le socialisme marxiste ou marxisant, qui a toujours été largement prédominant]


On peut constater que les vicissitudes de l’Histoire suivent un cours conditionné étroitement et de façon sous-jacente par la force des principes.

Ceux-ci imposent de façon évidente leur logique aux décisions de la vie politique des nations.
Il s’agit ici de souligner la contradiction intrinsèque du socialisme et des ses complices que sont le libéralisme et le communisme, aboutissement logique du socialisme. Ces trois idéologies sont les filles de la Révolution issue des sophismes des pseudo-philosophes dit des « lumières ».

En chargeant l’Etat de pourvoir au bonheur de l’individu, on finit par détruire les liens sociaux concrets, dans la famille, au travail, dans la vie locale ; de là une fausse solidarité réduite à des aides financières.
Dans le socialisme comme dans le libéralisme, c’est donc toujours l’argent qui est destiné à régir une société vouée à disparaître, puisqu’elle méconnaît les fondements divins de toute société durable, à l’origine de toutes lois naturelles et surnaturelles qui régissent les choses créées jusqu’aux sociétés.

On peut constater que le socialisme ne cesse de se développer en France. Pourtant ce fait n’est pas dû au génie des sicaires et thuriféraires de la religion socialiste, ni non plus à la sottise des libéraux qui le combattent.
C’est plus simplement à cause de la logique commune des « valeurs » dont les uns et les autres se réclament identiquement et de façon symbiotique.
Socialistes et libéraux ont les uns comme les autres le culte idolâtrique de l’individu, comme un absolu auquel il faut à tout prix se référer, croire et adhérer.
A ce titre donc, ils visent tous l’égalité maximale des individus entre eux dans la société.
Or comme l’expérience et l’observation le démontrent, le principe égalitariste est un principe antithétique, c’est à dire fondamentalement opposé à ce que génère et réclame l’ordre des choses naturel et surnaturel.

Quoiqu’il en soit dans cette course à l’égalitarisme forcené, la religion libéraliste (libéralisme) part battue d’avance face à la religion socialiste (socialisme).
En effet, à la différence du socialisme, le libéralisme privilégie l’économie de marché qui est facteur d’inégalité.
Il doit pour réaliser l’égalité, faire de l’étatisme quand il est au pouvoir.
Il chausse donc les bottes du socialisme au moment même où il prétend s’y opposer.

Le jeu démocratique, ferment de démagogie et d’hypocrisie politicienne pour la conquête et la conservation du pouvoir à l’insu des masses manipulées, conduit le libéralisme à constamment donner à l’« égalité » la primauté sur la « liberté ».

On peut s’étonner, dans ces conditions, que le socialisme ne soit pas au pouvoir dans les institutions étatiques.
La raison en est simple et elle est double :

- D’une part, puisqu’il gagne à tout coup dans le jeu de ping-pong et de « je te tiens par la barbichette », au sein de l’opposition, dans le grand mick-mack démagogique et manipulé de la démocratie.
Il se satisfait, par ailleurs, parfaitement, d’un pouvoir effectif et opérationnel au pouvoir de droit qu’il aurait acquis « légitimement » par voie des urnes, au gouvernement.
Mais il ne saurait exercer durablement ce dernier, pris en sandwich entre la menace de faillite générale qu’implique son programme utopique et les surenchères communistes qui, défiant la raison et l’intelligence, le paralyseraient.

- D’autre part, dans l’opposition même, le communisme refuse de tirer pour lui les marrons du feu et s’amuse à faire trébucher son comparse socialiste chaque fois que le pouvoir est à portée de la main de ce dernier.

Les contradictions du libéralisme sont claires, mais celles du socialisme, hydre aux multiples visages, plus subtiles, sont moins généralement aperçues.

En ce qui concerne le socialisme français, outre la coupure entre communistes et socialistes, les tendances qui se manifestent en son sein constituent parfois des divergences fondamentales.

Une contradiction radicale caractérise cependant le socialisme dans son essence même.
C’est sa prétention à vouloir consacrer la primauté de l’individu par le maximum de pouvoir, et si possible par la totalité du pouvoir.
C’est à dire que l’Etat socialiste doit être toujours et partout l’omnipotent social, régisseur de la vie des individus, sous prétention de leur plus grand bien.
Bien étant entendu comme l’érection de l’individu comme idole déifiée.

Voilà pourquoi le socialisme mène toujours avec certitude aux totalitarismes, avec le biais ou pas de son superlatif extrême, le communisme.

Le communisme, qui n’est plus que le socialisme poussé à son terme logique, est d’accord avec le socialisme pour faire de l’Etat l’instrument du « bonheur » des individus. Mais poussant à son comble la logique du socialisme, il donne à l’Etat la totale propriété des moyens de production et prive de liberté les individus en les asservissant à l’Etat par leur salaire et leur emploi.

Tout ceci montre à quel point ces trois idéologies se soutiennent, conspirent et s’apportent mutuellement dans leur symbiose macabre, les moyens de ronger nos pays par un processus implacable de socialisation, moteur de la décadence et de dégénérescence de nos nations.

Dans le socialisme, la contradiction entre son individualisme et son étatisme est manifeste, mais elle n’étonne guère parce que le libéralisme nous y a depuis longtemps habitués.

Cette contradiction est encore plus éclatante entre son mépris affiché de l’argent et le culte plein de convoitise qu’il lui rend, pour lui-même bien sûr, et comme seul et dernier lien social.

Partons ici de la référence communiste.
Marx identifiait le règne de la bourgeoisie à celui de l’argent. Vérité de la Palisse, puisque depuis la nuit des temps civilisés, le pouvoir de l’argent a toujours existé.
Mais dans la hiérarchie sociale de la chrétienté, ce pouvoir s’effaçait.
Pourquoi ? Et bien parce qu’entre Dieu et Mammon (le veau d’or, l’argent), la chrétienté avait choisi.
Le pouvoir de Mammon pouvait être considérable dans la réalité, mais le pouvoir légitime était de Dieu.

Omnis potestas a Deo, le pouvoir temporel suprême, celui du Roi, outre les mille limitations sociales qu’il connaissait, était fondamentalement limité par la loi divine.
La distinction établie entre le Clergé, la Noblesse et le Tiers-état correspondait à une hiérarchie de valeurs, principe tripartite calqué de façon instinctive puis raisonné sur le modèle de la perfection trinitaire divine, avec toutes les imperfections de la nature déchue de l’homme et des sociétés qu’il compose.
Ce principe tripartite a toujours fait force de loi depuis l’origine de l’histoire des peuplades indo-européennes jusqu’à la Révolution de 1789, Révolution du parti de l’étranger.
Il a trouvé sa pierre d’angle, sa clé de voûte et sa substance verticale et transcendante à travers le seul catholicisme romain.

On y trouve :
- le service de Dieu, à travers l’ordre de ceux dont la mission principale est de prier.
- Le service de la communauté par le don du sang, mission de l’ordre de ceux qui combattent et défendent la cité par le sacrifice de leur vie, de leur sang.
- Le service de cette communauté par la production des biens essentiels à la vie, mission principale de l’ordre de ceux qui travaillent la terre et en tirent le produit de subsistance de la cité.

Et l’argent n’entrait pas en ligne de compte pour déterminer et infléchir cet ordre.

A noter que dans l’histoire antique des Européens, il était fréquent que ceux-ci occupent tour à tour les deux dernier ordres selon ce qu’exigeait la situation du moment. On pourrait penser à l’exemple des vikings qui était des guerriers paysans et des paysans guerriers, même s’il y avait une répartition et une hiérarchie d’ordre déjà établie.

Dans l’activité économique elle-même, la production l’emportait sur le commerce, et le commerce des biens sur celui de l’argent.
L’ordre de l’économie était celui de la justice. Il y avait le juste prix et le juste salaire. Tout métier (ministerium) était un ministère, un service. L’intérêt (Usura) était condamné comme usure, ou limité dans le service de la production.
La Révolution, en renversant la monarchie, renversait surtout l’ordre des valeurs de l’Ancien Régime et par lui, le vieil ordre traditionnel et ancestral intrinsèque et nécessaire à nos peuples européens.
Elle mettait l’Homme devenu un « golem », à la place de Dieu, comme principe et fin du Pouvoir.
En proclamant « la liberté, l’égalité et la fraternité », elle installait les principes du libéralisme, du socialisme et d’un lien social sans substance, sans âme.

La logique de ces principes mauvais se manifesta de l’anarchie à la tyrannie, au milieu des embrassades et des massacres.
Après un quart de siècle de guerre civile et étrangère, le libéralisme l’emporta, portant la bourgeoisie au pouvoir et fondant sur l’argent les inégalités de la hiérarchie sociale.

En 1917, le Marxisme-Léninisme entendit supprimer la monnaie. L’or ne devait plus servir qu’à orner les vespasiennes. Le travail devenait la mesure de la valeur et des prix.
La production, les échanges et la consommation seraient désormais réglés par l’Etat, en attendant que celui-ci disparaisse quand le bonheur de tous et de chacun l’aurait rendu inutile.
On sait ce qui est advenu, comme pour toute tentative du même genre : plus de 100 millions de victimes assassinées.

On voit que la socialisation générale des activités assure le triomphe de l’argent.
Pourquoi ? Parce que la destruction des communautés naturelles, orchestrés par le socialisme, oblige à remplacer les liens sociaux dont elles sont tissées par le lien de l’argent, seul substitut disponible en dehors de la fonctionnarisation et de l’asservissement qui sont la solution communiste.

Première des communautés naturelles, la famille, pilier de la société, est un scandale tant pour l’étatisme (main-mise de l’état sur les individus et la société) que l’individualisme (culte de l’amour-propre et de l’égoïsme).
Elle craque devant leurs attaques combinées.
Entre le mari et la femme, entre les parents et les enfants, tout devient question d’argent et de salaire. On arrive peu à peu au point où les membres de la famille deviennent de simples individus évoluant librement entre eux sous l’œil vigilant de l’Etat.

L’inflation du coût des besoins domestiques dépasse les ressources normales des familles, ce qui pousse la mère à travailler à l’extérieur pour arrondir le budget familial et acquérir elle aussi des droits sociaux.
De ce fait, les enfants sont envoyés dans les crèches et les maternelles, ou traînent dans la rue. Ils appartiennent enfin à l’Etat.

On pourrait faire le tour de tous les milieux sociaux – ceux de l’artisanat, du village, du quartier – où l’apprentissage du métier et l’entraide spontanée créaient les grandes solidarités communautaires de la vie quotidienne et professionnelle, on verrait à quel point le système des droits « légaux » et des obligations « légales », développé par l’Etat jacobin et républicain, tue les liens sociaux naturels en suscitant de surcroît l’égoïsme, le ressentiment, l’agressivité et le chômage.
L’individu devient solitaire par la grâce de l’argent, froid médiateur de toutes les relations sociales désormais privées de la chaleur vivante des communautés naturelles.
Ne parlons pas des vieillards que la législation sociale et fiscale voue, par des incidences multiples, à la mort solitaire.
Ne parlons pas des communautés religieuses, avec leurs moines et leurs moniales qui « gagnent leur vie », sont salariés et assurés, bref liés par l’argent et tenus par l’Etat.
Ne parlons de rien ni de personne, puisque c’est toute la vie sociale qui est asservie à l’argent et à l’Etat.

La société libérale-socialiste, qui viole toutes les lois divines en même temps que les lois naturelles les plus élémentaires, est condamnée à mort.
On ne peut que préparer la société véritablement humaine qui pourra surgir des décombres.

Franck Gerstein
D'après un article de L.Salleron
paru dans la revue Le cep
revue du Centre d'Etudes et de Prospective sur la science