samedi 29 septembre 2007

Barbey d'Aurevilly

Jules Amédee Barbey d’Aurevilly naît le 2. novembre 1808 - le jour des morts - lors d’une partie de whist à l’hôtel particulier de son grand-oncle le chevalier de Montressel à Saint Sauveur-le-Vicomte. L’aîné de quatre frères, il est élevé dans un milieu familial austère, où seuls le salon de sa grand-mère et les contes normands de la servante Jeanne Roussel frappent l’imagination du jeune Barbey; le romancier s’en souviendra plus tard. A dix-neuf ans, Barbey part à Paris pour terminer ses études secondaires au Collège Stanislas, où il rencontre le poète Maurice de Guérin, avec qui il se lie d’une grande amitié qui sera brisée en 1839 par la mort de ce dernier.

Reçu bachelier, Barbey poursuit ses études à la Faculté de droit de Caen. C’est là en 1832 qu’il fait ses premiers pas dans le journalisme avec la Revue de Caen, fondée avec son cousin et le bibliothécaire Trébutien. L’amitié entre Barbey et Trébutien dure, à une intérruption près, jusqu’en 1858, et donne lieu à une importante correspondance littéraire. Dans la Revue de Caen, Barbey publie Léa, sa première nouvelle. Le Cachet d’onyx, écrit à la même époque suite à sa déception amoureuse auprès de Louise Cantru des Costils, ne paraîtra que plus tard.

En août 1833, ayant achevé ses études de droit, Barbey s’installe à Paris grâce à l’héritage du chevalier de Montressel. Il écrit beaucoup, mais ne parvient pas à se faire éditer. Vers 1836, l’évolution politique de Barbey le décide à adopter la particule nobiliaire d’Aurevilly dont sa famille dispose. Reçu dans des salons tels que celui de Mme de Fayet et celui de Mme de Vallon, Barbey brille par l’esprit de sa conversation. A l’époque où son frère Ernest se marie et son frère Léon prend la robe, Barbey, lui, se façonne un personnage de dandy, inspiré du modèle anglais incarné par Lord Byron et surtout par George Brummell, à qui il consacrera une étude publiée par Trébutien en 1844.

Barbey collabore à plusieurs revues, telles que le Nouvelliste et le Globe, et pendant un an, il est rédacteur de la Revue du monde Catholique. Paraissent dans divers périodiques l’Amour impossible, la Bague d’Annibal, les Prophètes du Passé, et le Dessous de cartes d’une partie de whist, la première Diabolique. Dès sa publication en feuilleton, Une vieille maîtresse connaît un succès et suscite une polémique qui tous deux étonnent l’écrivain; désormais, il connaîtra rarement l’un sans l’autre.

En 1851, Barbey fait la rencontre de la Baronne de Bouglon, qu’il surnomme son « Ange blanc ». Le dandy s’adoucit sous son influence, se réconciliant avec ses parents ainsi qu’avec la pratique religieuse. Le mariage projeté n’aura jamais lieu, mais jusque dans ses vieux jours, Barbey démultipliera les déclarations d’amour à son « éternelle fiancée ».

L’Ensorcelée, publiée en 1852, affirme de nouveau le caractère régionaliste du romancier. En 1860 parait le premier volume des Œuvres et des Hommes, la série dans laquelle seront édités, pendant près de cinquante ans, les 1.300 articles de critique historique, politique et littéraire écrits par Barbey. Le Chevalier Des Touches, préparé depuis dix ans sur la demande de Mme de Bouglon, paraît en volume en 1864, suivi de près d’Une Prêtre Marié, qui attirera la colère de l’Eglise.

La mort, en 1868, de Théophile Barbey, père de Jules, met au jour des dettes qui aboutissent à la vente des propriétés familiales à Saint Sauveur-le-Vicomte. Si Barbey, vieillissant, retourne plus souvent dans son pays natal, il préfère désormais séjourner à Valognes.

L’édition des Diaboliques en 1874 entraîne l’auteur dans un procès pour outrage à la morale publique. Le procès qui, selon Barbey, est un prétexte à « faire payer au Romancier la rigueur du Critique », terminera en un non-lieu, mais Barbey attendra huit ans avant de rééditer l’Œuvre.

A près de soixante-dix ans, Barbey est toujours le causeur étincelant, le dandy superbe d’antan et accueille dans son modeste appartement parisien de jeunes admirateurs tels que Léon Bloy et François Coppée. S’il est moins solitaire qu’autrefois, il se montre néanmoins soucieux d’éloigner ceux qui cherchent uniquement à profiter de la renommée dont il dispose maintenant.

En 1879, Barbey rencontre Louise Read, qui deviendra sa secrétaire et qui se consacrera à l’écrivain dans les dernières années de sa vie. C’est elle, légataire universelle de Barbey, qui mènera à terme la publication des Œuvres et des Hommes. L’année 1882 voit la publication de la dernière Œuvre romanesque de Barbey, Une Histoire sans nom. Ce qui ne meurt pas, publié en 1883, représente la version définitive de Germaine, écrit en 1835.

Barbey, dont la santé s’affaiblit depuis quelques années, s’éteint à Paris le 23. avril 1889, suite à une grave hémorragie. Il a 80 ans.