mardi 25 septembre 2007

Jean Bart, le dunkerquois.


Jean Bart
Dunkerque, 21 octobre 1650 - 27 avril 1702



Jean Bart peint par C.Bernardin, 1824

Portrait de Jean Bart peint par
Chevalier Bernardini, 1824
© Musée national de la Marine / P. Dantec



navire de 50 canons, musée de la Marine
© Musée national de la Marine


Jean Bart est né à Dunkerque le 21 octobre 1650, issu d'une lignée de patrons pêcheurs et de maîtres au cabotage qui ont aussi servi comme corsaires au service de la monarchie espagnole. Le port de Dunkerque devenu possession française en 1662, les Bart se placeront sous la bannière du roi de France.
Dès l'âge de huit ans, Jean Bart navigue sur des petites barques de commerce, apprend à connaître par tous les temps les moindres parages de la Manche septentrionale et de la mer de Nord, le dédale des bancs et des courants, le jeu du renversement des marées et l'approche des côtes.
À seize ans, il s'engage dans la flotte hollandaise, lorsque les Provinces Unies sont entrées en conflit contre l'Angleterre.

C'est à bord du navire amiral, les Sept provinces, que Jean Bart connaît cette expérience ineffable, dont le souvenir le marquera durant toute sa vie : l'entrée victorieuse de Ruyter dans la Tamise en 1667. Les Hollandais possédaient la première flotte de commerce et de pêche du monde. Longtemps alliés à la France qui les a soutenus durant leur longue guerre d'indépendance contre l'Espagne, ils s'opposent à la politique conquérante de Louis XIV qui voudrait s'emparer des Pays-Bas espagnols.

La Guerre de Hollande, déclenchée en 1672 par la France, fait la fortune de Dunkerque et de ses " capres " ou corsaires. Au début de 1674, Jean Bart a pris le commandement du Roi David.
C'est avec cette coque de noix d'une trentaine de tonneaux, qu'il réalise sept captures d'une valeur totale de 260 000 livres tournois. Ses bailleurs de fonds lui confieront par la suite d'autres navires, plus puissants, qui lui permettront de multiplier les prises de grande valeur.

Comme les autres capres ou corsaires dunkerquois, Jean Bart est un prédateur intéressé avant tout par le gain, parfois porté au pillage malgré les règles très strictes de la guerre de course. Il se distingue toutefois très tôt de ce milieu, car son audace et son esprit offensif le poussent à assaillir les bâtiments de guerre qui escortaient les flottes de pêche et de commerce de l'ennemi, tandis que les corsaires avaient plutôt l'habitude d'éviter les combats dès qu'ils n'étaient pas certains de capturer leur proie.
Jean Bart est ainsi remarqué par le roi, qui le fait lieutenant de vaisseau en janvier 1679. Cette promotion constitue le grand tournant de la vie du marin dunkerquois, puisqu'à partir de là, il cesse sa carrière de corsaire privé pour devenir un officier de la marine royale.
Dunkerque a fait l'objet de grands travaux qui le transforment - grâce à Vauban - en un port de guerre et un arsenal, la principale base d'opérations contre les côtes hollandaises, puis britanniques, lorsque la France entre en guerre contre l'Angleterre après la Révolution de 1688.

C'est dans le cadre de l'escadre du Nord, que Jean Bart multiplie les exploits, qu'il s'agisse de mettre en pièces la flotte de pêche des Hollandais, d'intercepter des convois de blés devant le Texel pour ravitailler une France affamée par la crise de 1694, d'attaquer les croisières des garde-côtes anglais.
Anobli (1694), promu capitaine de vaisseau, puis chef d'escadre, Jean Bart constitue l'une des figures les plus attachantes de cette marine de Louis XIV qui a tenu tête aux deux grandes puissances maritimes de l'époque, parce qu'elle savait capter tous les talents, ceux des hommes d'ancienne noblesse, comme Tourville, et ceux des gens issus du peuple corsaire, comme Jean Bart.
Comblé d'honneurs, nommé commandant du port de Dunkerque, Jean Bart est mort des suites d'un refroidissement, le 27 avril 1702, alors qu'il s'occupait de la remise en état de son vaisseau, le Fendant.

André Zysberg
professeur à l'université de Caen